Interviews croisées de deux webmasters qui vivent de leurs sites web (2)

Suite et fin de l’interview:

Quel est LE conseil que vous donneriez aux lecteurs pour bien monétiser un blog?

Jean – Comme je l’expliquais tout à l’heure, je conseille de réfléchir aux produits et services qu’on peut créer autour de son blog. D’explorer des possibilités qui ne semblent pas évidentes au premier abord, mais peuvent s’avérer beaucoup plus intéressantes, à la fois pour soi-même et pour ses lecteurs.

Adrien – Ne pas suivre comme des moutons, la mode actuelle est aux articles sponsorisés, et c’est assez aberrant de voir certains blogueurs ne miser que sur ça. Pour rappel, je n’ai jamais fait le moindre article sponsorisé et ça ne m’empêche pas de tirer des revenus non négligeable sur internet. Le mieux est de ne pas être pressé et de faire de longs tests. Je donnes quelques conseils à ce sujet, et pas n’importe lesquels car mes visiteurs voient en direct les différents tests que je fais sur ton blog Jérôme. J’explique pourquoi nous sommes passés d’adsense à l’affiliation, pourquoi telle publicité est retirée malgré qu’elle rapporte etc. En bref, un cas concret sur l’optimisation de la monétisation qui devrait intéresser un paquet de blogueurs.

Articles sponsorisés, affiliation, produits personnels, coaching, sponsor, dons,… sont de multiples sources de revenus. Lesquelles utilisez vous et n’utilisez vous pas?

Jean – J’ai tout fait, hormis les dons et les articles sponsorisés. J’ai aussi eu l’occasion de donner des formations et d’organiser des événements.

Aujourd’hui, je mise l’essentiel de mes activités sur la création de mes propres offres. J’utilise aussi l’affiliation en complément, notamment sur des produits et services que je conseille sur mon blog.

Adrien -Je fais désormais en majorité de l’affiliation mais j’utilise également google adsense. Les articles sponsorisés pas encore, je verrais ce que les régies me proposent pour mon blog, en tout cas j’espère ne pas tomber dans cette spirale et accepter tout et n’importe quoi. Du coaching non, disons que je ne me sens pas encore les épaules à faire le petit chef alors que d’autres personnes maitrisent beaucoup mieux le sujet que moi. Et disons que j’ai la facheuse tendance à ne pas mentir ce qui pourrait rebuter des clients pensant que je serais une étape indispensable pour leurs réussites. Les dons non jamais, mais si dans le coin de gentil donateur veulent me faire des gros chèques aucuns soucis. Aucun produit personnel, mais peut être qu’un jour … Je ne suis pas réfractaire à ces techniques, mais disons que j’essaye de ne pas aller plus vite que la musique, chaque chose en son temps.

Quel est votre plus gros échec professionnel depuis que vous êtes webmaster et votre plus grosse réussite?

Jean – J’ai pour habitude de tester énormément de choses, sans être certain du résultat. C’est la meilleure façon de savoir si une idée va fonctionner ou pas. J’accumule donc les échecs, ça fait partie de ma stratégie

Je pense avoir évité de très près ce qui aurait pu devenir le plus gros fail de tous les temps : je faisais de l’apport d’affaires à un imprimeur, via internet. Mon erreur était de revendre les services sous ma propre marque au lieu d’être rémunéré à la commission, et de ne pas avoir vérifié la qualité du travail de mon prestataire.

On m’a contacté pour un très gros contrat. Juste avant de signer, je me suis rendu compte que la qualité des travaux de l’imprimeur était tout simplement inacceptable, et que je risquais de me retrouver avec plusieurs dizaines de milliers d’euros à sortir si mon client refusait de payer. Bref, l’affaire avait toutes les chances de se terminer au tribunal, et pas en ma faveur.

J’ai abandonné l’idée et refusé le client. Depuis, je me concentre sur des projets dans lesquels je maîtrise l’ensemble des éléments.

Ma plus grande réussite, c’est d’avoir obtenu mon indépendance géographique. D’avoir réussi à dématérialiser entièrement mon business pour pouvoir travailler de partout.

Le processus a pris plus d’un an. J’ai mis fin à plusieurs activités qui me demandaient une présence physique ou qui exigeaient trop de temps de travail. J’ai simplifié toute mon organisation. J’ai dématérialisé l’ensemble de ma vie, de mon courrier qui est scanné par un prestataire et que je peux consulter en ligne, jusqu’à ma comptabilité qui est aussi gérée sur le web. Je me suis séparé de la plupart de mes possessions matérielles.

Ça représente un effort certain, y compris financier, mais c’est un gain énorme en qualité de vie. Même lorsqu’on ne voyage pas, on se sent libre. On respire enfin.

Adrien – Comme webmaster je n’ai pas vraiment connu d’échec, tout se passe plutôt bien pour moi, surement parce que depuis le début j’ai préféré multiplié des petits sites que tout miser sur un seul. Les seuls gros échecs que j’ai connu c’est avant de me lancer sur le web, à l’école surtout … Après on va éviter de parler de mes amours je risque de laisser couler une larme ou deux :’D Non mais je ne regrette en rien mon passé, il a fait ce que je suis aujourd’hui, je suis loin d’être parfait, mais ces épreuves m’ont permis d’au moins vivre cette expérience professionnelle qui je l’espère va perdurer dans le temps.

Avez vous déjà investi de l’argent sur vos sites? Si oui, dans quels domaines?

Jean – J’investis constamment dans mes projets. Tout l’argent que je n’utilise pas pour vivre est réinvesti dans mes sites. Je sous-traite énormément de tâches : développement d’applications, traduction, rédaction pour des sites anglophones…

Lorsqu’une idée de business me passe par la tête, je tente souvent de la mettre en application pour savoir si ça vaut le coup. J’ai dépensé beaucoup d’argent ces dernières années en suivant ce principe, sans pour autant obtenir des résultats remarquables.

Aujourd’hui, je me concentre un peu plus sur mes projets qui fonctionnent déjà.

Adrien – J’ai et j’investis encore de l’argent dans le porno.  J’utilise des rédacteurs pour les descriptions de vidéos pour des raisons simples: travailler dans le porno demande énormément de temps, la concurrence est redoutable, et en plus de celà, petit à petit le plaisir de décrire des vidéos pornographiques se transforme vite en dégoût.

Sinon dans le mainstream je n’ai jamais vraiment investi de l’argent car j’ai la chance d’avoir des amis codeurs et designers, des amis avec qui nous allons créer officiellement une agence web.

Je vise l’indépendance financière. Pensez vous l’être?

Jean – L’indépendance financière n’a pas la même valeur monétaire qu’on soit en France ou à trois heures d’avion de là.

Je suis indépendant depuis 2003, dans le sens où je n’ai travaillé pour personne d’autre que moi depuis 7 ans. Ça ne veut pas dire pour autant que j’ai toujours gagné beaucoup d’argent. Quand j’ai vécu en Roumanie, il m’est arrivé d’avoir 200€ pour vivre un mois, ce qui n’est d’ailleurs pas si dramatique, puisque beaucoup de gens sont dans le même cas là-bas.

Les débuts ont été très difficiles. Par contre, depuis 2006, mon niveau de vie est plus que correct, et suffit largement à deux personnes. Je réinvestis le superflu dans mes projets. J’ai aussi acquis une expérience qui me permettrait facilement de « repartir de zéro » si je devais tout perdre. Et ça n’a pas de prix.

Si vous êtes prêt à voyager, avec un billet d’avion et 500€ dans la poche, vous pouvez changer de vie et devenir indépendant dès le premier mois. 300€ sont relativement faciles à obtenir lorsqu’on met tous ses efforts et son temps sur son site. C’est aussi une somme suffisante pour vivre pendant un mois, dans de nombreux pays. Au fil des expériences, vous apprendrez à développer vos revenus bien au-delà.

Bref, l’indépendance financière est accessible à tout le monde. Ce qui change, ce sont les efforts qu’on est prêt à faire pour l’obtenir. Et aussi les engagements que l’on a. On ne prend pas les mêmes risques quand on a des enfants que quand on a vingt ans et qu’on est libre comme l’air.

Adrien – Je suis encore loin d’être indépendant financièrement, et ce n’est pas directement internet qui va me le permettre. Mais si mes revenus continuent de grimper ou se stabilisent, j’investirai dans l’immobilier pour essayer de m’en rapprocher au maximum. Si j’arrive à investir assez dans l’immobilier pour gagner 2000€ net par mois, je pourrai me dire que j’ai réussi mon parcours professionnel. Mais le chemin est encore long, je le sais, donc je vais éviter de trop m’avancer et agir au lieu de blablater :p Bien entendu, même indépendant financièrement je continuerai à travailler sur le net, d’une part parce que c’est une mine d’or inépuisable, mais aussi parce que c’est une passion, qui au passage, m’a permis de m’en sortir, parce qu’avant ça, j’étais plutôt mal parti.

Ma stratégie de base est de diversifier un maximum mes sources de revenus. Avez vous déjà investi dans l’immobilier, bourse, placements,…?

Jean – J’ai investi dans la bourse et dans le forex, et j’ai perdu de l’argent. Mon erreur a été d’investir dans des marchés que je ne connaissais pas. Je préfère maintenant me concentrer sur ce que je maîtrise, sur les domaines dans lesquels j’ai le plus de facilités.

Adrien – Je n’ai pas encore investi dans l’immobilier, j’attend d’avoir un apport suffisant, mon PEL se remplit petit à petit. Mais dans un an je pense avoir suffisamment d’argent pour m’acheter mon première appartement qui sera ma résidence principale. Avec ou sans prêt je ne sais pas, tout dépendra des banques. Mais si mes revenus sont stables et qu’une banque me suit, je pense investir dans une résidence principale accompagnée d’un ou deux studios pour faire du locatif. Mais c’est encore très flou dans ma tête. J’en saurai plus dans un an environ selon l’état de mon épargne.

Il y a quelques jours j’ai ouvert un PEA, j’ai tout de même investi 15€ ! Bon je ne frôle pas encore le million d’euro mais disons que ma banquière m’a fait comprendre qu’il était important de l’ouvrir maintenant même avec une somme dérisoire à l’ouverture pour que dans quelques années, si je me décide à boursicoter un peu, les impôts ne soit pas un soucis. Dans le pire des cas ce n’est que 15€.

Quelles sont vos prochaines ambitions sur le net?

Jean – Mes ambitions actuelles sont davantage orientées vers un gain en qualité de vie que vers un gain financier. Ça peut paraître paradoxal pour quelqu’un qui tient un blog sur le webmarketing… Mais finalement, c’est logique.

Lorsqu’on travaille sur internet, et qu’on le fait seul, on a tendance à perdre le contact avec la réalité. À se désocialiser, à perdre son temps en naviguant de site en site pendant toute une nuit ou à passer ses journées sur les réseaux sociaux. On développe des addictions maladives. Alors qu’on a la chance d’être indépendant et de travailler chez soi, on gâche cette belle opportunité en se rendant la vie moins intéressante qu’elle ne l’aurait été en travaillant dans un bureau.

Bref, depuis bientôt deux ans, j’ai mis énormément d’efforts à organiser ma vie différemment. Je passe mon temps à voyager et à rencontrer des gens. Je lis plusieurs livres par semaine au lieu de regarder la télévision ou de naviguer frénétiquement sur le web. J’ai vendu, donné ou jeté 95% de ce que contenait mon appartement. J’ai dématérialisé ma vie, comme je l’expliquais plus haut. J’ai simplifié ma façon de m’organiser, mais aussi ma façon de penser.

Mon ambition, c’est de continuer sur cette voie. D’acquérir davantage de liberté en limitant mes addictions et mes engagements.

Adrien – Agrandir mon réseaux de sites, des sites qui nécessiteront le moins de mises à jours possible afin de ne pas me surcharger de boulot, bien que le référencement ne sera pas une partie de rigolade … Développer mon blog, essayez de donner encore plus d’informations concrètes. Essayez de trouver des concepts « nouveaux » ou en améliorer certains. Beaucoup de travail en fait. Lancer officiellement l’agence web en espérant percer, on proposera tout type d’offre, référencement, conseil en monétisation, création de site web sur mesure, site avec base CMS clé en main … Et ça pour les petites comme les grosses bourses. Et bien entendu, peu importe l’offre choisie, un travail très sérieux. Enfin agrandir le réseaux de site directement lié à l’agence. En gros, beaucoup d’ambition et par conséquent énormément de travail.

Enfin pour conclure, 1 conseil pour tous ceux qui décideraient comme vous de gagner leur vie grâce au net?

Jean – Je conseillerais de tester un maximum de choses. De passer à l’action. C’est souvent la partie la plus difficile. Beaucoup de gens ont des compétences, mais ne savent pas trouver la motivation nécessaire ni s’organiser pour transformer leurs capacités en résultats concrets.

Bref, mon conseil, c’est de foncer.

Adrien – Je vais même en donner plusieurs. Comme je le dis plus haut internet est une mine d’or, mais on ne s’improvise pas mineur. Ça ne sert à rien de vouloir aller trop vite. Je rappelle que j’ai mis un an et demi avant de pouvoir vivre d’internet. Même si maintenant il y a de plus en plus d’entraide et de tutoriels pour avancer plus vite, il y a aussi encore plus de concurrence.

Être persévérant, une personne qui se donne à fond se verra récompenser un jour ou l’autre. Quelqu’un qui se démotive n’est pas quelqu’un de persuasif et donc peu crédible! Il ne faut pas espérer gagner des milliers d’euros au bout d’un mois, à moins d’inventer le concept du siècle. Malheureusement, ce n’est pas si simple. Il va donc falloir se reporter au conseil numéro 1.

Ne pas hésiter à investir de l’argent dans des taches qui peuvent rebuter. Apprendre de soi même c’est très bien, mais pour avancer plus vite, il faut quelques fois déléguer certaines taches. Il faut savoir perdre de l’argent pour en gagner.

Se créer un réseau social en étant sincère. En créant des liens avec d’autres blogueurs ça se ressentira dans les commentaires, dans votre travail … Passer du temps a discuter business n’est pas du temps perdu, on apprend énormément des autres, et quelques fois, un simple détail peut faire la différence. Même si quelques fois votre façon de parler ou vos propos peuvent froisser, il faut les assumer, surtout si vous avez raison

Merci à Adrien et jean d’avoir participé à l’interview. La semaine prochaine, je vous donne rendez vous pour une nouvelle interview du mercredi. Elle concernera l’immobilier et la bourse car Olivier SEBAN sera le prochain invité de Capital story.